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Communiqué ANACR Corrèze - le 17/05/2023 @ 13:37 par odiber

Communiqué de l'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance de la Corrèze  (ANACR). Brive la Gaillarde , 16-05-2023
 

Comment salir (volontairement ou pas) la mémoire de la Résistance !
 

Des articles parus ce jour dans la presse locale (La Montagne) et nationale (Le Parisien ...), présentent comme une révélation « une affaire sensible qui risque de bousculer le discours mémoriel en Corrèze ». Si les auteurs de ces articles avaient pris la précaution élémentaire de se renseigner sur les travaux historiques réalisés sur le sujet et aux témoignages largement publiés, cela leur aurait évité de relancer une polémique stérile.

Nous rappelons que depuis des décennies les différentes éditions du livre « Maquis de Corrèze » (dernière édition en 1995), le livre de l'historien belge Bruno Kartheuser : « Les pendaisons de Tulle le 9 juin 1944 » en 2004, et le dernier  en date de Paul et Mouny Estrade, historiens universitaires « Léon Lanot premier maquisard de Corrèze » (Editions Le Puy Fraud, juin 2011, pages 146-147), font état du fait de guerre de Meymac  le 12 juin 1944. Tout y est dit et la vérité historique est établie, il n'est donc pas question de « bousculer le discours mémoriel » sauf à vouloir réécrire l'Histoire.

Aussi, affirmer que « nul ne savait » c'est avouer sa propre ignorance. Utiliser le terme de « charnier » en titre d'une première page du journal, s'il est propre à éveiller une certaine « curiosité » du lecteur, est d'une violence inouïe en renvoyant à des images contemporaines sur les médias et les réseaux sociaux. De même sur cette même page, évoquer « une quarantaine de soldats allemands » à retrouver, alors que dans les pages intérieures, pour qui sait faire une soustraction, on aboutit à une trentaine tout au plus (des exhumations ayant déjà été effectuées  dans les années 1960) c'est mensonger.

Evoquer avec le témoin, des questions qu'il ne se posait même pas à l'époque, concernant « la convention de Genève » censée règlementer les lois de la guerre entre les armées régulières des Etats belligérants, c'est ignorer que les Résistants étaient, pour l'immense majorité,  des civils, devenus combattants de la liberté sans uniformes, considérés par l'armée nazie (qui ne s'embarrassait pas de ces scrupules) comme des « terroristes » à abattre sur place ou à déporter vers les camps de la mort. C'est aussi profiter de l'émotion d'un homme de 98 ans pour en faire un sujet de polémique contemporain.

Nous rappelons enfin le contexte historique du 12 juin 1944 : il y a face à face, d'un côté les forces nazies de répression qui massacrent les populations civiles du territoire qu'elles occupent et qu'elles oppriment,  de l'autre, des Résistants qui essaient de sauver leur peau, celle de leurs familles et de libérer leur territoire. Ces jeunes patriotes de 18-20 ans, pour qui la guérilla menée contre l'occupant exigeait une improvisation permanente, se sont trouvés dans une impasse et n'avaient d'autre alternative que d'obéir à un ordre supérieur de l'Etat-Major des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), dirigé par le Général Koenig.

Comment ne pas se souvenir que trois jours plus tôt, le 9 juin 1944, les soldats nazis de la division SS Das Reich pendaient 99 otages à Tulle, que le 10 et les jours suivants il en déportaient vers les camps de la mort 149 dont 101 ne reviendraient pas, que le même jour, ils exterminaient  la population et brûlaient le village d'Oradour sur Glane : 643 victimes , qu'encore le même jour, les soldats nazis de la garnison d'Ussel, assassinaient 47 jeunes maquisards sans armes (les responsables du maquis  en avaient connaissance)… autant de crimes de guerre reconnus par la justice mais restés pour l'essentiel impunis ?

Nous n'avons pas le droit aujourd'hui de nous ériger en juges ; demandons-nous ce que nous aurions fait à leur place, de quel côté nous serions-nous trouvés ? Dans le camp de la Résistance ou dans le déshonneur de la collaboration avec les nazis ?

Si la restitution des corps de Meymac aux autorités allemandes est légitime, nous ne pouvons accepter qu'elle soit instrumentalisée.