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Intervention de François REMOND

Mesdames, Messieurs les résistants,
Mesdames, Messieurs les Élus et personnalités,
Monsieur le Proviseur,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Permettez-moi au nom de l’association nationale des anciens combattants de la résistance et maintenant amis de la résistance dont je suis, de vous remercier d’être présents pour célébrer le 70ème anniversaire de la bataille d’Égletons.

J’ai une pensée particulière pour Monsieur Michel PAILLASSOU, Maire d'Égletons, disparu brutalement, avec qui depuis l’automne 2013 nous avions préparé cette cérémonie.

70 ans déjà, dirons certains… ce n’est pas si loin dirons d’autres.

Pour mieux comprendre la bataille d'Égletons, qui en fut une. Et qui contribua à chasser l’occupant de la Corrèze et amoindrir ses forces permettant la libération de la France, je vais résumer très rapidement ce moment historique d'Égletons. Je vous invite d’ailleurs à visiter l’exposition installée avec les élèves et leurs professeurs dans le hall du lycée.

Dès le 3 août 1944, les embuscades successives menées par la résistance préparent cette bataille. Le commandement allemand décide de reprendre pied en haute Corrèze où l’activité des maquis le préoccupe. C’est une colonne venue de Tulle, de 300 hommes, bien armés qui se réfugie dans l’École Nationale Professionnelle, le Lycée Pierre CARAMINOT après avoir subi de nombreux accrochages sur la route.

Pendant 10 jours, les groupes de maquis attaquent chaque sortie ennemie de l’ENP.

Pour tenir ce siège Il faut des hommes, des armes. Les parachutages alliés sont les bienvenus. Cette bataille est l’exemple d’une résistance unie à l’image du Conseil National de la Résistance (francs-tireurs partisans, MOI (main d’œuvre immigrée), Armée Secrète, Forces Françaises Libres, groupe interallié) qui assiège du 14 au 18 août, durant 4 jours l’ENP. Il faut aussi coordonner les différentes forces.  Aux mille hommes (FTP, MOI) du lieutenant BROCHET d‘origine tchèque viendront se joindre les 200 combattants de l’Armée secrète du capitaine MAURICE et les 25 parachutistes du capitaine WAUTHIER.

Le harcèlement quotidien subit par les troupes allemandes retranchées dans les bâtiments montre la ténacité de la résistance.

L’objectif est clair : ils doivent se rendre.

Le commandement de la résistance engage ses sections avec une logique militaire exemplaire. Pour certains jeunes résistants c’est la première fois qu’ils participent à une bataille de cette ampleur. Beaucoup n’ont pas 25 ans. Mais ils ont conscience les uns comme les autres de participer à une lutte armée juste, pour la libération d'Égletons, mais aussi de la France.

Aujourd’hui, certains jeunes présents ici auraient eu l’âge de participer à cette bataille. Il suffit de se promener dans Égletons et sur les routes avoisinantes pour découvrir ces stèles érigées en mémoire de ces combattants de la liberté. Parmi ces jeunes tombés sous les balles ennemies certains ne sont ni d'Égletons ni de Corrèze. Ce sont des Juifs, sujets à la persécution et à la déportation, des français patriotes opposés à l’occupant nazi, de jeunes français réfractaires du service du travail obligatoire imposé par l’occupant. Ils viennent de régions françaises éloignées (le nord, l’est, ..). Ou encore des antifascistes de pays étrangers (Espagne, Allemagne,…) ils ont tous rejoint la résistance française.

Grâce au soutien courageux de la population d'Égletons, les résistants ont attaqué la garnison allemande stationnée dans l’ENP. Un avis de la résistance demanda à la population de ne pas rester en ville.

A plusieurs reprises, (14 fois), les bombardements Allemands du 15 au 17 août puis de l’aviation anglaise le 18 août bien que mieux ciblés, causèrent de nombreuses destructions et des victimes. Par la Croix de guerre attribuée en 1948, la nation française a reconnu à la ville d'Égletons et à sa population leur rôle dans la capitulation de 1945 de l’Allemagne nazie.

Malgré une proposition rédigée en allemand par le commandement de la résistance, il n’y eut pas de reddition de la garnison allemande. Le 18 août, démoralisée elle ne dut sa délivrance que grâce à l’arrivée d’une très forte colonne allemande motorisée venue de Clermont Ferrand, avec 2500 hommes et une importante artillerie.

Après le pillage de la ville d'Égletons et une tentative sur Tulle, la colonne se replie sur la Haute Corrèze où après une halte nocturne à Soudeilles le 20 août ponctuée par l’assassinat de trois jeunes résistants. Elle reprend sa route pour disparaître à jamais le 22 août de la Corrèze.

Le 21 août, Égletons retrouve sa liberté mais la ville est dévastée. 350 immeubles détruits. Le bilan de cette bataille est lourd pour la résistance et ses alliés : 24 morts et plusieurs blessés même si du côté allemand les pertes sont très importantes : 55 morts et 60 blessés.

Oui, Cette bataille joua un rôle essentiel dans la libération de la Corrèze.

Se souvenir est une nécessité, un devoir de mémoire.

Celui qui oublie son passé est condamné à le revivre.

Aucune opinion basée sur la haine de l’autre n’est acceptable.

Rien ne justifie le rejet de l’autre pour sa religion, sa couleur peau ou son niveau social.

Jeunes gens, c’est à vous que je pense, ne laissez pas sombrer dans l’oubli la Bataille d'Égletons et le sacrifice de ces résistants combattants pour la libération de notre pays de l’occupant nazi.

Oui, J’ai confiance en vous, jamais vous ne permettrez la renaissance de cette bête immonde.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

Je vous remercie de votre attention.

 

François REMOND

Président du Comité ANACR de MEYMAC


Date de création : 21/09/2014 @ 05:56
Dernière modification : 21/09/2014 @ 06:33
Catégorie : - Commémoration de la bataille d'Égletons
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